L’historien Léon Ménard (1706-1767), comme Séguier, appartenait au monde de la notabilité catholique nîmoise. Conseiller au présidial, il abandonna néanmoins sa charge en 1744, résidant le plus souvent à Paris où il fut élu membre associé de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres en 1746. Si la publication, entre 1744 et 1758, des sept volumes de son Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nismes contribua à assurer sa notoriété, Ménard n’en fut pas moins raillé par Voltaire face auquel il avait défendu avec virulence l’authenticité du testament politique du cardinal de Richelieu.

L’abondante correspondance qu’il échangea avec Séguier est particulièrement riche en informations sur les antiquités nîmoises et plus généralement sur l’histoire de la ville, qui passionnait les deux hommes, non sans rivalités. Séguier prit néanmoins constamment la défense de son compatriote, aux prises avec de lourdes difficultés financières, en intercédant pour lui auprès des édiles de leur ville natale. Ménard, de son côté, le mit en relation avec le comte de Caylus et avec l’antiquaire Jean-Pierre Tercier, également connu pour son rôle central au sein du Secret du roi.

C’est enfin Ménard qui aurait encouragé Séguier, en reprenant une idée exprimée par l’abbé Barthélemy, à s’attaquer au relevé des trous de scellement de la frise de la Maison Carrée pour tenter d’en déchiffrer l’inscription. La question, tout comme l’interprétation des inscriptions du site de La Fontaine, occupe ainsi une place centrale dans une correspondance qui ne cessa qu’avec la disparition de Ménard en 1767.