Garde du cabinet des médailles du Roi depuis 1753, Jean-Jacques Barthélemy (1716-1795), qui allait devenir trois décennies plus tard le célèbre auteur des Voyages en Grèce du jeune Anacharsis, parcourait l’Italie pour acquérir les médailles rares qui manquaient au cabinet du roi quand il entra en correspondance avec Séguier en 1755. Il venait tout juste d’apprendre la disparition de Maffei et avait donc décidé de s’adresser directement à son compagnon d’étude, dont il connaissait les liens d’amitié qui l’avaient uni à Claude Gros de Boze, à qui Barthélemy venait de succéder.

La correspondance conservée, une fois encore, s’avère fragmentaire. Il est donc difficile d’évaluer l’étendue des relations entre les deux savants, excellents numismates l’un comme l’autre et animés d’une même passion. C’est en tout cas Barthélemy qui permit à Séguier d’obtenir une copie du recueil numismatique de Galant en 1761, copie que Séguier s’efforçait d’acquérir depuis les années 1740. Par la suite, le Nîmois servit d’intermédiaire au garde du cabinet des médailles pour obtenir des monnaies antiques de Sicile auprès de Francesco Tardia (1732-1778) avec qui Séguier était en relation.

Autant que l’on puisse en juger, les relations entretenues entre Séguier et l’abbé Barthélemy furent plutôt cordiales et empreintes de respect mutuel. L’abbé avait été un des premiers, longtemps après Fabri de Peiresc, à envisager le déchiffrement de l’inscription de la frise de la Maison Carrée à partir des trous de scellement lors de son passage à Nîmes en 1755. Séguier, encouragé par Léon Ménard, le devança néanmoins en publiant sa célèbre dissertation en 1759, dont on trouve des échos chez Beaumarchais en 1774, comme chez Chateaubriand en 1806.